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INTRO

Intro

 

Tout ce qui suit est un hommage.

Un hommage aux nuages, aux forêts, à mes cheveux, à tout ce qui danse au gré du vent.

Au lait dans mon café, à la fumée de ma cigarette.

Un hommage à Isaac Newton, à Helge Von Koch, à Georg Cantor, à Henri Poincaré, à Carl Friedrich Gauss, à Bernhard Riemann, à Gaston Julia, à Edward Norton Lorenz, à Benoît Mandelbrot, à Étienne Ghys. Et tant d’autres.
Un hommage à tous ces génies qui curieux de comprendre leurs propre nature, nous ont permis de déchiffrer l’indéchiffrable. 

Un hommage au Chaos.

Ici, j'expérimente un système chaotique et j’en accepte toutes les conditions initiales sans chercher à les maîtriser, à les modifier. Je laisse “glisser” autant que faire se peut. Il ne s’agit pas d’obtenir des résultats anticipés, attendus, mais plutôt de contempler la géométrie de la nature et de s'émerveiller devant l’infinie complexité de l’instant capturé.

 

Il y a de l'ordre sous le Chaos apparent.

 

 

 

Réduction du paquet d’onde

 

Il m’est difficile d'écrire. A chaque relecture, j’ai le sentiment que rien ne va, que rien n’est clair.

Je sais d'où vient l’origine de cette difficulté. Je crois que les mots ont un comportement quantique, à l’instar des particules élémentaires.

Ils n’ont de sens que du point de vue du lecteur. Plus on tente d’en mesurer le sens, moins la mesure est précise. L’entropie augmente. En clair, plus j'essaie d’être précis, plus c’est le bordel.

J’ai donc décidé d’accepter que ce sera le lecteur qui leurs donnera du sens.

D’accepter que tout ce que je n’ai pas dit puisse être considéré comme dit si c’est ce qui est compris.

D’accepter que tout ce que j’ai dit puisse ne pas être compris, comme si finalement, je ne l’avais pas dit.

 

Depuis bien des années, je m’interroge sur le paradoxe de Schrödinger. Cet éminent scientifique du XXème siècle n’eut d’autre possibilité que de proposer une expérience de pensée afin de soulever le paradoxe qu'impliquaient ses résultats expérimentaux. Cette expérience de pensée présente un chat dans une boite avec un flacon de gaz mortel et une source radioactive. Si un certain seuil de radiation est enregistré, le flacon est brisé et le chat meurt. On ne sait pas si ce chat est mort ou vivant tant que l’on n’a pas ouvert la boîte pour observer. Mais au-delà de cela, ce que signifie cette expérience est que le chat était jusqu'à l'observation dans deux états en même temps: mort et vivant.

Schrödinger avait mis le doigt sur un phénomène qui nous dépasse. A son échelle atomique, la matière peut être dans des états superposés.  Mais bien plus troublant encore, Schrödinger démontre de façon expérimentale que les objets quantiques qui sont la base de toute matière, “choisissent” un état s’ils sont observés ou si l’on tente de les mesurer. On les trouvera toujours dans un état déterminé. 

Dans son état non-observé, un objet quantique (un électron, un photon, un muon, tout ce que l’on nomme à tort “particule élémentaire”), se comporte à priori comme une onde. Une onde qui se déplace sur un lac et à plusieurs endroits et à plusieurs niveaux en même temps, à droite comme à gauche, en bosse ou en creux. A l’inverse, dans son état observé, un objet quantique peut être apparenté à un corps. Mais pas n’importe lequel. Il apparaîtrait là où il y a “plutôt beaucoup d’onde”.

C’est la fonction d’onde calculé à l’aide de l'équation de Schrödinger permet de définir cette probabilité. 

Mais alors, si l’Univers dans sa plus petite échelle est constitué d’objets quantiques, cela change considérablement mon paradigme.

Ce monde tel qu’il pourrait être, le serait-il justement parce que je l’observe, parce que j’en attends quelque chose ?

Comment penser que l’Univers ne se définit que s’il est observé ou mesuré ? Il se pourrait que pour vous aussi, un jour, ce soit l’inverse qui soit difficile à croire.

 

Lorsque j’utilise des lampes UV sur un shooting, je n'y vois pas grand-chose.

Mes yeux captent mal ce rayonnement et mon cerveau comme à son habitude, me trompe pour mon propre confort. De plus, je travaille souvent avec des fluides et tout va beaucoup trop vite pour que je puisse enlacer la totalité de ce qui se produit sous mes yeux. Il me serait impossible d’obtenir un rendu attendu, en parfaite adéquation avec une quelconque demande. Ce chaos exacerbé est ce que j’admire.

Je fais confiance à l’Univers. Il fait toujours les choses bien et il les fait passionnément. Sans aucunes limites.

Le résultat que j'obtiendrai n’existera qu’une fois que je l’aurai observé et sera différent pour chaque observateur.

Aucune validation n’est nécessaire. Seule l’observation compte. 

 

 

 

 

Fluorescence

Enfant, j'avais un poster que j'adorais. Certaines parties étaient douces comme du velours et la vivacité des couleurs me fascinaient. J'avais l'impression que la panthère sortait littéralement du mur.

Quelques années plus tard, on m’enseigna la lumière au lycée. La version Newtonienne du phénomène sublimé par la pochette du mémorable “Dark Side Of The Moon”. Cela me permit d’approfondir mes connaissances et de comprendre pourquoi certains me disaient que les couleurs primaires étaient le cyan, le jaune et le magenta, et d’autres le rouge, le vert et le bleu.

Personne ne se trompait. Tous avaient raison mais tous se disputaient la vérité.

Un aspect du phénomène m’amusait beaucoup : Si, (à la lumière du soleil) tu vois un objet bleu, c’est qu’il est tout sauf bleu.

La raison : quand la lumière du soleil percute la matière, elle est absorbée et seules les couleurs que la matière “n’utilise” pas sont rejetées, parvenant ainsi jusqu'à nos yeux. Il aura fallu une grande intuition à Newton pour comprendre cela.

La chose importante à retenir pour un photographe serait que la couleur d’un objet ne peut apparaître que si elle est contenue dans la source.

Vraiment ? En tous cas, c’est ce que j’ai cru pendant longtemps.

La nature adore les exceptions. Bien souvent c’est lorsque le scientifique s’engouffre dans celles-ci qu’il fait avancer la science. Dans mon cas, la fluorescence fait exception.

En 2000, après un passage éclair à la faculté de Mathématiques, j’entrepris des études de technicien lumière du spectacle vivant. Faisant le tour du matériel scénique, je découvrais le Black Gun. Un chouette nom, mais une sacrée merde : cette lampe pèse une tonne. Allumée, on ne pouvait s’en servir qu’au bout d’une heure. Une fois éteinte, on devait attendre une heure avant de la rallumer. De plus, pesait l’héritage des années 80 et ses fluos kitschissimes. Malgré tout, je l’adorais.

 

20 ans plus tard, alors que j’avais déjà entamé mon activité de photographe depuis presque 15 ans, je trouvais un Black Gun dans une brocante et il sembla évident de l'acquérir.

Je me mis alors à étudier la fluorescence dans le détail. 

Cela m’a tout de suite intéressé.

Très vite, certains phénomènes m’interpellèrent. En voici quelques-uns :

Sous une lumière ultraviolette (lumière d’excitation), les matériaux fluorescents émettent de la lumière (lumière d'émission). Il ne s’agit pas ici de restituer une partie de la lumière absorbée mais bien d'émettre une nouvelle lumière.

Une foi l'énergie du photon UV absorbé par un atome fluorescent, celui-ci se retrouve dans un état électroniquement excité. Un des électrons situé sur la couche externe se rapproche du noyau, changeant ainsi d’orbite. L’atome cherche alors à retrouver son état fondamental. Il utilise ce trop-plein d'énergie pour remettre son électron sur la couche externe et il se débarrasse du  surplus d'énergie restant en émettant un nouveau photon de plus basse énergie que celui précédemment absorbé. La matière devient émettrice de photon, la matière devient lumière.

La source de lumière UV ne sert plus à éclairer la scène mais à exciter la matière fluorescente qui devient la lumière de la scène. .

Pour rendre ce phénomène compréhensible, imaginez que je vous parle de son. Les basses sont plus puissantes que les aigus. Si vous en doutez, allez donc faire un tour du côté d’un festival électro. Ce que vous entendrez en vous approchant, ce sont les basses car étant plus puissantes que les aigus, elles voyagent plus loin dans l’espace et traversent plus facilement les murs.

Les UV sont comme les basses de la lumière visible.

Maintenant, imaginez que dans une pièce, j’envoie des infra basses, à peine audibles pour nos oreilles humaines, mais suffisamment puissantes pour faire exploser les verres posés sur la table. Si  j’enregistre le son dans la pièce avec un micro insensible aux basses, j’obtiendrai le son des verres qui se brisent.  

Très vite, je me rendis compte que les liquides pouvaient devenir source de lumière de mes scènes. Rien n’oblige un matériau fluorescent à être solide. Cela  injectait, de fait, une dimension fractale que je ne saurais reproduire. Apparurent alors des détails, des contrastes que j’avais bien du mal à voir à l’œil nu, mais qu’il était possible de capturer avec mon appareil photo. Un autre monde, d’habitude invisible.

C’est ce que j'ai expérimenté. C’est ce que je vous présente ici.

 

Mise au point

Aujourd'hui pour nous vendre un téléphone, on nous vante ses mérites photographiques non sans raisons. Nous l’utilisons plusieurs fois par jour pour capturer tout et n’importe quoi. Nos bons moments mais aussi nos mauvais : Tout.

Capturer nos instants est devenu d’une grande banalité. Et lorsque c’est banal, la magie n’opère plus. .

Aujourd’hui il y a de quoi se demander de quoi Icare pouvait bien rêver. A l’instar des avions, cela n’a pas toujours été le cas. La Photographie a été, des millénaires durant, improbable, impensable, inimaginable. Tout est question de paradigme.

Nombreuses furent les étapes nécessaires pour mettre au point ces machines qui nous permettent aujourd'hui de photographier, capturer, révéler la réalité.

Mais que veut dire tout cela ? C’est quoi une photo ? Que capture-t-on ? Quelle réalité ?

J’aimerais partager mon émerveillement. Jetons un petit coup d’œil en arrière.

750 ans avant notre ère, dans le livre du philosophe chinois Mo-Tseu apparaît la description de ce qui est le premier élément de notre appareil photo : la chambre noire. Une boîte noire, une face avec un trou, et un écran dans le fond.

4 siècles plus tard, Aristote en fit aussi une description. Non pas parce qu’il s’était procuré le livre de Mö-tseu chez son libraire le plus proche mais parce qu’il s'interrogeait aussi sur le phénomène de la vision. “Comment voyons-nous?”

Platon, Aristote, Euclide, Pythagore, tous s’interrogeaient sur le phénomène. De nombreuses théories furent proposées mais aucune d’elles ne prit le pas sur une autre. La science, comme à son habitude, était divisé et toutes ses théories paraissaient inconciliables.

Aux alentours de l’an mille, Ibn Ah‐Haytham conscient de la confusion, éprouva la nécessité d’aboutir à une théorie de la vision. Il écrivit le Kitab al-Manazir (le traité d’optique) dont le but est de reformuler la science de la vision. Faisant un usage systématique des expériences, il utilisa la chambre noire pour démontrer ces propos et conclu que la lumière se déplaçait de l’objet vers l’oeil. De plus comme le supposait Euclide, il affirma que la lumière semblait se déplacer de façon rectiligne.

A la même période, Ibn Sahl consacrait ses travaux aux feux ardents d’Archimède, réputé pour avoir incendié à distance un flotte ennemie. Son étude détermina la forme à donner à une lentille pour que la lumière converge en un point.

 

1558. Agé de 23 ans, Giambattista Della Porta publia le Magia Naturalis. (la magie naturelle). Dans cet ouvrage Della Porta décrivit l'expérience de la chambre noire à laquelle il ajouta une lentille à l’entrée. Par cette expérience, il expliqua  le mécanisme de la formation des images sur la rétine.

Non loin de là, en République de Venise, le travail du verre devint un Art. Cela permit à Galilée de mettre au point une lunette astronomique en 1609. Bien que celui-ci revendique la paternité de son invention, Il n’en est rien. D’autre comme Johannes Kepler le devancèrent  mais l'instrument était de piètre qualité. Grâce à ce nouvel outil, Galilée découvrit que saturne avait des anneaux, le premier satellite de Jupiter qu'il nomma Io. Il observa la lune, les taches solaires, et supposa que la terre tournait autour du soleil. Une véritable révolution scientifique Il mourut en 1642 à Florence, entouré de ses disciples. 

Le 25 décembre de la même année, non loin de Grantham en Angleterre, l’Univers décida de nous faire un petit cadeau. Ainsi naquit en ce soir de Noël  un homme dont le nom même sonnait comme un présage : Isaac Newton (nju təʊn : Nouvelle harmonie) . Son Œuvre est absolument colossale et touche à autant de domaines que le nombre de variétés de pommes existantes aujourd’hui. En 1666, il commença ses expériences sur la lumière. En décomposant celle du soleil grâce à un prisme il fit une conclusion stupéfiante : "la couleur est dans la lumière et non dans le verre. Ainsi, la lumière blanche que l’on voit est en réalité un mélange de toutes les couleurs du spectre visible par l'œil." Grandiose ! C’est également au cours de l’année 1666 que Newton commença à étudier secrètement l’alchimie, ancêtre démoniaque de la chimie contemporaine. Il mourut en 1727. Son héritage est sans précédent. Comme le dit si bien Paul Valéry :  Il fallait être Newton pour s’apercevoir que la lune tombe, quand tout le monde voit bien qu'elle ne tombe pas.

 

Evidemment à cette époque, personne n’avait pour but de fabriquer un appareil photo. On essayait juste de comprendre ce que nous étions, dans quoi nous étions, pourquoi nous étions et a vrai dire, on cherche encore.

 

Pour la suite il faudra attendre l’année 1780. A l'aide d'une chambre noire agrémentée de lentilles et un peu de chimie, Jacques Charles réussit à “capturer” l’image d’une silhouette sur du papier imbibé de chlorure d’argent mais ne parvint pas à la fixer de façon définitive. Il manquait encore une pointe de chimie pour stopper et stabiliser la réaction. C’est Nicéphore Niepce qui en 1826 réalisa la première expérience réussie de fixation d’une image. C’est à lui que les livres attribuent l’invention de la photographie.

 

Nous y étions presque, pourtant, il restait quelques efforts à faire.

Les temps d’exposition étaient encore très long et rendaient difficile voire impossible la réalisation de portraits. De plus a l’instar d’une peinture,  il ne pouvait y avoir qu’un seul exemplaire, qu’on ne pouvait lui même pas reproduire.

Malgré tout, cela en excita quelques-uns dont WIlliam Henry Fox Talbot. Lui aussi était persuadé d’avoir inventé la photographie. Il mit en place en 1840 le procédé négatif-positif. Un véritable coup de génie qui régla le problème de la reproduction alors 14 ans plus tard, tout accéléra. L’industrie s'empara du procédé et le nombre d’utilisateurs augmenta considérablement. Une nouvelle profession était née, celle de photographe. Nombreux sont ceux qui comprirent très vite l'intérêt financier que représentait cette profession. L’invention était spectaculaire, le résultat était spectaculaire. Tout le monde en voulait et tout le monde en a eu avec la photo carte de visite, Plusieurs millions d'exemplaires furent tirés de entre 1854 et 1910.

 

Au vues des premières photographies, l’humanité était bien consciente qu’une photo n’était pas la réalité mais qu’elle en était une des interprétations possibles. Elle possédait  suffisamment d’éléments pour permettre à notre esprit de nous projeter au-delà de nos instants. Vivre autre chose que maintenant, autre chose que sa vie. Un exhausteur de rêves éveillés, un moyen d'échapper le temps de l'observation, au poids du présent. Aujourd'hui encore une photo a un sacré impact dans nos têtes.

 

A l'évidence, Faire une photo c'est loin d'être un acte banal. C’est capturer une chose qui nous dépasse encore aujourd’hui : la Lumière. L'énergie sous une forme bien particulière. Bien que nos connaissances à son sujet ne soient qu’approximatives, cela nous permet d’avancer. Mais en accepter sa nature revient à accepter que notre réalité n’existe que dans nos têtes, que la vérité et multi-facettes et que par conséquent il n’existe aucune réalité et aucune vérité plus valable qu’une autre.

Alors que nous sommes tous devenus magiciens, nous ne croyons plus en la magie pourtant lorsque vous faites une photo, vous capturez des quanta d’énergie à l’aide d’une petite merveille technologique. C’est cela faire de la magie. Si vous aviez pu faire une photo à la cours du roi, vous auriez probablement mit Merlin au chômage.  Il aura fallu plus 6 000 ans de réflexion sur ce que nous sommes au sein de notre Univers pour mettre au point l’appareil photo. La photographie quant à elle, nous révèle une interprétation possible de ce qui nous entoure, de ce qui semble être. Une interprétation de La Réalité qui à mon sens, n’existe désormais plus sous une forme unique.

 

 

 

 

Un battement d'ailes de papillon.

Le Déterminisme. C’est cette idée que les mêmes causes impliquent les mêmes conséquences. Depuis Newton, on a la certitude que des causes similaires donnent des effets similaires. Un manque de précision dans les données donnent des écarts raisonnables et donc négligeables. C’est souvent vrai mais il y a des cas où cela ne fonctionne pas du tout.

Au billard par exemple. Si vous considérez un coup en 3 ou 4 bandes, un petit changement de l’angle initial entraînera des résultats très différents. En quoi cela est t-il important ? Et bien parce que nous avons un infini besoin d’essayer de prévoir, de lire dans le futur.

Vraisemblablement le reste d’un de nos instincts primitifs de survie.

 

Edward lorenz était météorologue. Essayez d’y voir autre chose qu’une présentatrice télé. Il était avant tout un scientifique.

Quelqu’un qui observait le climat avec pour objectif de comprendre son fonctionnement.

En 1972, alors qu’il devait faire une conférence devant l’Association américaine pour le progrès des Sciences, il tarda a envoyé le titre.

Alors l’organisateur pressé d'envoyer le programme aux participants le choisit lui-même :

Predictability : Does the Flap of a Butterfly’s Wings in Brazil Set off a Tornado in Texas ? (Prévisibilité : Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas?)

Jamais un scientifique ayant le nez dans ses calculs n’aurait pu trouver un titre aussi sensationnel.

Ainsi naquit, l’effet Papillon. Détrompez-vous, ce titre n'est pas un ancestrale proverbe chinois. L’originalité du titre implique cependant quelques erreurs de compréhension.

On a tendance à penser que c’est le papillon qui est la cause de la tornade, mais c’est faux. La chose importante que démontre Lorenz dans sa conférence, c’est l'extrême sensibilité du système aux conditions initiales aussi infimes et nombreuses soient elles.  Nos respirations, nos actes, nos déplacements, et ceux de nos ancêtres aussi lointains soient-ils, tout compte. Nous sommes tous et pour tout ce que nous faisons aussi responsable que le papillon dans l’apparition de cette tornade.

 

Aussi comment pourrais-je revendiquer mon unique implication dans les résultats que j'obtiens dans mes photos? Il n’en est rien. Si cela existe, c’est bien grâce à tout, grâce à vous, grâce à nous.

De même qu’il nous est impossible d’enlacer la totalité de l'infini à toutes ses échelles,  il nous est impossible de concevoir la portée de nos actions.

 

Pour cela, je tiens à vous dire merci. 

 

 

 

Anti Biographie

 

On a beaucoup insisté pour que j’écrive une biographie. C’est important de la faire. On a envie de savoir qui je suis.

Mais en quoi savoir qui je suis améliorerait le jugement que vous portez sur les photos que je vous présente?

J’ai mon avis la dessus. C’est d’ailleurs en quelque sorte un indice sur qui je suis.  

 

Imaginez que je suis une fleur, une abeille, un nuage, une étoile. Cela n’a aucune importance.  La seule chose qui compte ici c'est ce que VOUS créez EN VOUS lorsque vous regardez une image.

Pour ça je vous propose de voir des choses, des choses que je n'ai moi-même pas vues.

 

Lorsque je clique sur le déclencheur, le miroir de mon appareil me plonge cet instant dans l'obscurité. L'action est mécanique. Je n'ai pas d'autre choix que de m'y soumettre. Que j’utilise un reflex, un bridge ou un téléphone n’y changerait rien. Un œil ne sera jamais au même endroit qu’un capteur en même temps. C’est soit l’un, soit l’autre.

Ce que je vous propose c'est donc ce que j'ai sacrifié à ma propre vue.

Alors je ne peux jurer de rien de ce qui est "capturé".

Je ne prétends pas que tout cela soit faux ou vrai, que cela soit la réalité. Cependant tout cela est. Moi je ne crée rien. Un pêcheur ne crée pas le poisson. Mon action se limite à trier, creuser. Quoi?

 

Un truc, un signal, une matrice, un ensemble de données. Une énergie convertie un instant en signal électrique puis en valeur numérique pour ensuite être réinterprété à l’aide d’une machine qui comprend tous ces zéros et ces uns.  Que je fasse de la photographie argentique ou numérique n’y changera rien. Il faudra toujours interpréter cette énergie capturée. Cette probabilité d'une probabilité qui, le temps de son observation, nous permet de voyager, de nous évader un instant de la matière comme par enchantement.

Je vous présente une possibilité de ce qui pourrait être parmi une infinité d’autres.

 

Moins vous en saurez sur moi, plus vous vous verrez au travers de mes photos car c’est à n’en pas douter, toujours une part de vous que vous regardez. 

 

Patrick Siboni

Réduction du paquet d’onde
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Un battement d'ailes de papillon.
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